Incroyables Dolomites 2018

 

Circuit de 7 jours au départ de Cortina

 

 

Jeudi 9 août 2018 : montée au refuge Giussani (2580)

 Nous prenons un bus à Cortina en direction du col de Falzarego (à l'W de Cortina). Nous descendons à la côte 1732 pour suivre l'itinéraire 414. Face à l'imposante muraille du Tofana de Rozes, le sentier monte franchement dans la forêt qui ne nous protège que partiellement du soleil. Vers 2000m, nous effectuons une pose près d'une cabane mais peu après nous rejoignons l'itinéraire 412 à la pente beaucoup plus modérée. La jonction avec la piste qui vient du parking du refuge Dibona plus à l'E n'est qu'à quelques minutes. C'est à partir de ce moment que nous rencontrons beaucoup de randonneurs qui montent comme nous au refuge Giussani, candidats au Tofana (3225m tout de même) ou simplement à un déjeuner au refuge !

Après la forêt et une traversée en faux plat, c'est donc un large chemin bien tracé qui serpente dans un univers de plus en plus minéral. On aboutit à d'anciens équipements militaires juste avant le refuge. Nous arrivons à la mi-journée pour pique-niquer sur sa terrasse. Les presque 900m de dénivelé auront été gravis en trois heures à peine. Partis avec le grand beau, ce sont des nuages menaçants qui nous accueillent.

 Dans l'après-midi, certains sont montés en direction du col du Tofana 300m au dessus du refuge mais le ciel s'est assombri ne laissant qu'une visibilité limitée sur la vallée du Travenzanzes orientée NS. J'arrive à descendre juste avant l'averse. En fin d'après-midi, le temps gris s'est installé laissant par moments des éclaircies fugaces autorisant malgré tout quelques photos. Le refuge situé au col entre Tofana Rozes au SW et Tofana di Mezzo au NE, est confortable ; il est alimenté par le monte charge dont on a vu le départ au bout de la piste.

 

Vendredi 10 août : Giussani (2580) – Lavarella (2042)

 Nous partons vers 7h40 pour dévaler sur le pierrier n°403. Le temps est couvert. On passe devant d'anciennes casemates de la Grande Guerre. La montagne elle-même est truffée d'orifices par lesquels les canons tiraient... Il nous faut rejoindre le fond du vallon sauvage ou coule le ru de Travenzanzes (itinéraire 401). Peu après une pose sur un espace légèrement aménagé, nous franchissons le ruisseau par une passerelle bucolique qui nous fait pénétrer dans une forêt dense et verdoyante. Nous récupérons une piste (itinéraire n°10). Le pique-nique se fera au dessus de la cascade Sbarco de Fanes sous laquelle on peut passer sans se mouiller et franchir ensuite une petite ferrate facile. Cette mini-boucle ludique et optionnelle est indiquée sur la carte. Suit une assez longue remontée monotone le long du ru Fanes.

On pénètre dans le Parc Naturel de Fanes vers 1850m d'altitude. La pente s'accentue un peu, on passe sur l'itinéraire n°10A avant de rejoindre le n°11 qui culmine à 2174 m juste au dessus du lago de Limo situé sur un petit plateau à l'extrémité duquel on aperçoit le vallon de Fanes et les refuges Lavarella, Fanes et Muntagnoles dans un univers calme et magnifique. C'est un hameau accessible par la piste pour les riverains et la plupart des randonneurs arrivent aussi par là. Avec ses petits lacs et sa chapelle, l'endroit a un charme certain.

Une descente d'une vingtaine de minutes nous fait arriver à destination. Accueil sympathique et grand confort dans cette belle ücia. Il est 15h15 et nous avons évité la pluie. Nous avons marché environs 6h auxquelles il faut ajouter les arrêts. Dénivelé négatif de 950m puis montée de 580m et enfin descente de 150m. En deuxième partie d'après-midi, quelques éclaircies nous permettent d'apprécier la beauté des lieux.

 

Samedi 11 août : Lavarella (2042) – Pragser See (1500)

 Après quelques photos avec une lumière prometteuse, la brume monte à la vitesse d'un cheval au galop. Nous partons dans le brouillard peu avant 8h par le vallon de Fanes en direction du refuge Pederü (1540). Le sentier qui évite largement la piste passe par un col avant la plongée sur Pederü desservi par la route. C'est un carrefour d'itinéraires pour marcheurs et un terminus pour bus. Nous y sommes après 1h30 de descente. On y effectue quelques réparations de fortune pour des chaussures fatiguées...

On repart vers 9h45 par les sentiers n°7 et 7A qui nous conduisent au refuge Senes (2116) que nous connaissons. Enormément de monde sur cette piste également utilisée par les véhicules des riverains et les taxis. Après une courte pose à Senes, nous montons en direction d'un col (2331) par le sentier n°24. Dans cette zone des puits ont été aménagés pour les troupeaux. La montée est raisonnable mais arrivés au col qui est en même temps la limite de la carte n°3, nous avons une descente vertigineuse dans les éboulis. Un seul randonneurs croisé à cet endroit redoutable pour lui !

Cette descente dans un univers minéral se prolonge par une traversée de la forêt et aboutit à Grünwald (le bien nommé). Il est 15h et une pose « Apfelschorle » s'impose à l'auberge ! Il faut compter environ une demi-heure pour rejoindre l'hôtel au bord du Pragser see qui est à l'image du Grand Budapest Hôtel ! Nous y sommes vers 16h. Le lac turquoise et ce site exceptionnel attirent quantité de touristes qui marchent le long du lac, prennent un verre ou louent des embarcations... Le parking est immense et nous sommes samedi ! Nous découvrons qu'un apéritif est offert par la direction sur la terrasse de l'hôtel... Le dîner sera servi dans une grande salle de restauration au charme réel nous plongeant dans un univers de début du XX ème siècle.

 Sur cette étape, nous aurons marché environ 6h30 avec des dénivelés de -500 + 800 -800.

 

Dimanche 12 août : Pragser see (1500) – Dürrenstein Hütte (2040)

 Nous quittons cet hôtel majestueux vers 8h20 en effectuant un demi-tour du lac pour réaliser quelques photos. Malgré un temps couvert, les reflets sur cette étendue d'eau sont là et le charme opère. A 9h, nous entamons la montée efficace dans des éboulis. Nous gagnons assez rapidement la forêt et l'itinéraire devient plus étroit.Un passage contre la muraille est endommagé mais nous le franchissons sans problème avant d'arriver à une bifurcation (1900) à partir de laquelle la montée sera plus douce. Il est 10h30. Nous continuons en direction d'un col au large panorama.

Suit une descente raide mais courte jusqu'à une auberge où nous nous désaltérons peu avant midi. Le chemin remonte ensuite et passe en lisière d'éboulis rougeoyants, vaste effondrement dû à un séisme en 2016 qui a modifié la montagne et dévié l'itinéraire . Assez spectaculaire ! Chemin en balcon qui passe par des « ferrates » horizontales sans difficulté. Pique-nique mérité après ce passage. De nouveau un col au large panorama et progression facile sur le sentier n°3. Descente dans la forêt avec première vue sur les Tre Cimes de Lavaredo au loin. Entrée sur la carte n°10 – Dolomiti di Sesto. Nous perdons 400m de dénivelé pour atteindre l'auberge Stollaalm.

Le paysage devient bucolique avec des prairies verdoyantes dominées par des cimes lointaines. Petite remontée sur un plateau accessible par la route. Nous rejoignons la piste n°37 à Pratopiazza (1991) où se trouve un hôtel confortable. Reste un faux plat qui nous conduit à l'extrémité sud du plateau avec le Dürrenstein Hütte juste en face d'un fortin de la première guerre mondiale qui a été réaménagé par des particuliers. Nous y arrivons vers 16h20. Nous sommes restés 8 h en course, soit 6h30 de marche effective avec 1250m de dénivelé positif et négatif. Nous sommes installés dans un espace humide et mal aménagé, l'accueil reste relativement peu aimable. Le temps est couvert et nous prive de la vue sur la Croda Rossa.

 

Lundi 13 août : Dürrenstein Hütte (2040) – Drei Zinnen Hütte/Locatelli (2405)

 Il fait beau ! Un voile léger certes, mais le soleil est là et nous découvrons le panorama sur des aiguilles à la verticalité évidente ainsi que la Croda Rossa qui prend la lumière de face. Après un petit déjeuner rapide, nous partons dès 7h45 (heureux de quitter une ambiance peu hospitalière) pour monter au Strudelsattel (2200) en laissant le Strudelkopf sur notre droite. De là le sentier n°34 s'enfonce dans la forêt par le Val Chiara. Changement de rive, passage en balcon puis quelques ferrates agrémentent cet itinéraire qui nous conduit à l'hôtel Tre Cime en bord de route, juste précédé par un site d'escalade fort bien aménagé. Vers 10 h, nous prenons une collation à cette auberge moderne avant d'entamer la rude montée vers le refuge Drei Zinnen Hütte.

Le centenaire de la Grande Guerre est présent et des panneaux nous montrent les lieux avant et à la fin le conflit grâce à des documents d'époque reproduits. Une demi-heure plus tard nous traversons la route SS51 et amorçons la remontée du Rienztal. Il faut passer tout d'abord sur le petit monument qui raconte l'histoire du lieu avec les montagnards qui s'y sont illustrés. On sent qu'on pénètre dans ce qui est le site emblématique du massif. Les Tre Cime sont visibles dans l'axe du vallon. La montée se fait sur un large chemin en faux plat très fréquenté. La pente s'accentue progressivement. C'est vers 1950 m que nous prendrons notre pique-nique avant d'affronter les lacets qui nous feront accéder au plateau.

 La vue s’élargit alors avec les Tre Cime sur la droite. On découvre le site dans toute sa force : le Paternkofel à l'est et les Tre Cime au sud avec de nombreux chemins largement utilisés. Après 3h20 de montée depuis l'auberge du bord de route, nous parvenons au Drei Zinnen Hütte (refuge Locatelli) à 2405m d'altitude, il est 14h40. Les 1000 m de dénivelé positif ne sont plus qu'un souvenir, le refuge est en pleine effervescence, du monde partout mais un panorama somptueux ! Nous prenons nos quartiers (dortoir avec lits superposés), dégustons une collation sur la terrasse où il faut gagner sa place. L'après-midi, petit tour vers les lacs en contrebas pour certains, montée vers le Paterkofel pour d'autres. Il s'agit d'une montagne « gruyère » où les galeries de la première guerre mondiale abondent. Le soir nous sommes tous réunis dès 18h30 pour un excellent repas qui malgré le nombre important de clients est bien géré et avec le sourire. On apprécie !

 

Mardi 14 août : Drei Zinnen Hütte/Locatelli (2405) – Lavaredo (2344)

 Temps incertain. Nous partons vers 8h  par le sentier n°105 qui descend jusqu'au Rienzboden pour remonter au col Forcelina où se trouve un refuge et des petits lacs. On poursuit jusqu'au col de Médo (2315). Large vue sur un ensemble d'aiguilles magnifiques et sur la Croda Rossa au NW. C'est à cet endroit que nous quittons nos amis qui doivent revenir en France. Véronique, Cathy et moi poursuivons vers le très grand parking aux pieds du refuge Auronzo. Nous retrouvons une civilisation plutôt envahissante...

 Nous repartons rapidement sur le large chemin carrossable qui nous conduit au refuge Lavaredo aux pieds des Tre Cime. Il n'est que 10h45 et nous sommes déjà à l'étape. Nous nous signalons, prenons une collation et laissons quelques affaires pour délester notre sac. Malgré une météo incertaine nous décidons d'aller plus à l'est au refuge Cengia (2528) par le sentier n°104. Bel itinéraire qui nous évite la foule de la jonction entre Auronzo et Lavaredo. Une descente suivie d'une remontée à un lac puis des lacets pour atteindre une ligne de crête sur laquelle se trouve ce refuge modeste par la taille mais bien équipé. Le panorama altéré par des nuages nombreux semble grandiose.

La pluie fait son apparition nous laissant à peine le temps de consommer notre pique-nique. Nous avions prévu de faire une boucle en remontant par Locatelli mais nous faisons finalement demi-tour pour ne pas nous éterniser sous la bruine. Nous sommes de retour à Lavaredo avant 16h. Notre chambre est confortable et l'accueil très sympathique. On nous parle même en français ! Le refuge est privé et très bien tenu par de jeunes personnes. La pluie s'intensifie et nous apprécions le charme du refuge qui nous abrite.

 

Mercredi 15 août : Lavaredo (2344) – Cortina (1200)

 Par le la lucarne de la chambre j'aperçois des étoiles... Si ce temps tient, nous aurons grand beau pour la matinée ! Effectivement, je pars dès les premiers rayons du soleil : les aiguilles plus à l'ouest sont magnifiques et prennent les lumières chaudes du matin. Je monte au col Lavaredo en ¼ d'heure et jouis en solitaire d'un panorama exceptionnel sur les Tre Cime et tout ce qu'il y a autour. La lumière change à chaque instant et c'est un pur bonheur ! L'enchantement se poursuit jusqu'à mon retour au refuge vers 7h pour le petit déjeuner.

Nous repartons ensemble au col que je retrouve vers 8h. L'idée est simple : rejoindre Locatelli par le sentier n°101 avant qu'il y ait trop de monde. Flâner autour des lacs dei Piani aux abords du refuge Locatelli, revenir au col Lavaredo par le sentier qui frôle la parois du Paternkofel puis passer sous les Tre Cime par le sentier au nord dans les éboulis afin de rejoindre le col de Mèdo. Ce programme va être suivi à la lettre sous un soleil généreux. Au refuge Locatelli, comme toujours beaucoup de monde mais par contre personne autour des lacs qui dispensent pourtant des points de vue magnifiques et des reflets agrémentés de linaigrettes en premiers plans.

 Il faut moins d'une heure pour faire la jonction entre le col Lavaredo et le refuge Locatelli. Le sentier du haut dans la pierraille est un peu moins fréquenté mais plus spectaculaire. Une ancienne casemate est visitable juste après Locatelli. De retour au col Lavaredo nous assistons à un sauvetage par hélicoptère sur une paroi de la grande aiguille qui nécessitera deux rotations. La traversée dans les éboulis sous les Tre Cime se fait en regardant les cordées parties à l’assaut de ces falaises. Une d'entre elles utilisait la perceuse électrique ! L'itinéraire est cairné mais il est en fait multiple ; à chacun de trouver sa solution. On retrouve le sentier « classique » quelques minutes avant le col de Mèdo.  Il est à peine midi et notre matinée aura été fabuleuse ! De là, en quelques minutes, nous rejoignons le parking où un bus nous descendra sur Misurina puis un autre sur Cortina.

 

Un petit plus...

 

Jeudi 16 août – Tre Croci (1790) - Lago del Sorapis (1923) en boucle

 Il fait beau et nous sommes en course dès 8h45. Le parking de Tre Croci sur la route qui va  de Cortina à Misurina est très fréquenté mais à la différence de la plupart des randonneurs nous partons par le sentier n° 213 orienté au S. Derrière nous : le Cristallo qui atteint les 3221 m. Nous avançons sur un large chemin s'enfonçant dans une forêt accueillante et se poursuit par des montées plus franches. A 2131 m d'altitude, nous le délaissons pour prendre à l'est le n° 216. Magnifique vue peu après puis raide montée relativement délicate dans les éboulis pour atteindre le col Marcuoira (2307). Traversée du Ciadin del Loudo puis petit passage avec filin pour contourner le massif éponyme (2243).

Très large vue sur Misurina et les Tre Cime au NE. Descente raide sur le lac qu'on aperçoit enfin au loin: il est couleur émeraude ! On finit par s'enfoncer dans la forêt et par rejoindre le sentier de la voie « normale » surpeuplé ! Il reste à peine un quart d'heure de remontée pour se retrouver au bord du lac plus que fréquenté en ce long week-end du 15 août. Il est midi et nous allons chercher un coin pour le pique-nique. Le lac est dans un cirque glaciaire dominé par des parois et des sommets qui dépassent les 3000m. Au sud, il y a une plage que les nombreux touristes investissent et on y donne même une messe ! En début d'après-midi, on fait un bref passage au refuge Vandelli (1928) également surpeuplé.

 Nous le fuyons et rentrons par le sentier n° 215 sur-fréquenté avec quelques passages aménagés « délicats ». Il longe une paroi et le croisement avec les randonneurs montant n'est pas toujours aisé. Beaux points de vue par endroits sur les Tre Cime et Misurina plus au nord. Le sentier finit en traversant une forêt étendue. Après ce bain de foule forcé et inattendu, nous retrouvons le parking avant 15h30 après presque 2h de descente. Au final, une belle sortie avec une montée variée et de beaux panoramas où l'on croise peu de monde à la différence de l'itinéraire de retour qui ressemble à « la sortie du dimanche ». La monté au lac est donnée en 2h30 par le sentier direct (hors embouteillages humains!). Carte n°3 Cortina d'Empezzo.

 

 Au final : un magnifique séjour varié faisant découvrir ces « incroyables Dolomites ». Massif à la verticalité affirmée et aux paysages contrastés alternant prairies verdoyantes et ambiances minérales. Des refuges confortables, le plus souvent accueillants et des panoramas à couper le souffle, les Tre Cime constituant le site le plus exceptionnel.

 

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